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Quelques réflexions sur l’autohébergement la suite

D 6 novembre 2015     H 09:00     A Genma     C 4 messages   Logo Tipee

TAGS : Auto-hébergement Planet Libre

Ce texte est une remise en forme d’une prise de notes réalisée lors d’une première réunion en vue d’initier le projet d’auto-hébergement parties ou selfhosting party Différentes personnes de différents horizons y participaient (merci à elles). Ces notes donneront aux lecteurs plusieurs axes et pistes de réflexions sur l’auto-hébergement. Je ne détaillerai pas et n’argumenterai pas sur chacune de ces idées.

Ce billet fera partie d’une série de billets initié avec le billet Quelques réflexions sur l’autohébergement et autres billets taggués Auto-hébergement

Comment définir l’auto-hébergement ?

Les données qui sont dans le Cloud, ce sont des données auxquelles j’ai besoin d’accéder de différentes machines et depuis l’extérieur (quand je ne suis pas chez moi). L’auto-hébergement s’oppose à mettre des données dans le Cloud

Les visions de l’auto-hébergement divergent : certains considèrent que c’est une appellation uniquement valable si la machine est chez soi. D’autres qu’elle est valable si elle est sur une machine que l’on loue (serveur dédié ou virtuel) sur laquelle on a un minimum de contrôle...

Quelques notions communes à ces différentes visions de l’auto-hébergement.
 Le matériel : quelle machine ? Chez soi, chez OVH ? Cela amène aussi la notion suivante : depuis quel matériel j’accède à mes données (mon PC, ma tablette, mon smartphone) et via quelle connexion (Wifi quand je suis chez moi, 3/4g en déplacement mobile...)
 Les données : c’est le cœur de l’autohébergement. On reprend le contrôle dessus.
 Les services : c’est l’ensemble de ces applications qui sont visibles, ces applications permettant d’utiliser les données.

Quelqu’un cite B.Bayart "Qui est propriétaire de quelque chose ? Celui qui peut la détruire" pour signifier que l’auto-hébergement, c’est redevenir propriétaire de ses données personnelles (par opposition au Cloud).

La brique Internet

Quand on parle Internet Associatif aux gens, ils sont souvent perdus car "il n’y a pas de box". Ils sont perdus sur l’aspect matériel. Ce point de blocage est en passe d’être lever avec le projet de la Brique Internet : il y a quelque chose de physique que l’on voit. Yunohost/La Brique est opérationnelle et permet de s’auto-héberger derrière l’ADSL.

Synchroniser ses données

Le problème de la synchronisation : si on a passe à une solution d’auto-hébergement, il ne faut pas avoir à ressaisir ses 200 contacts de son annuaire quand on change de téléphone. Il faut que la solution d’auto-hébergement ait cette solution de synchronisation par défaut.

Autre problématique, quand on change de smartphone Android, on entre son compte et l’on récupère tout. C’est un bon exemple du fait que toutes les données (nom, prénom, mail, date de naissance, photos etc.) sont chez Google. Même si l’on a pas de smartphone, le simple fait de donner son numéro de téléphone a quelqu’un fait qu’il sera chez les GAFAM par synchronisation... C’est là un argument en faveur de l’auto-hébergement et la dégooglisation...

Le nom de domaine

Il semble important de sensibiliser le grand public au nom de domaine et au fait d’avoir, pour les particuliers une adresse sous la forme prenom.nom.fr
Pour un .fr, il faut avoir une adresse postale en Europe, et le nom et adresses peuvent être masqués si besoin dans le whois. Le coût est de 12 euros environ pour un .fr

Autre problème du nom de domaine : la mise en place d’un certificat TLS (c’est un problème technique) et le problème du coût (120 euros/an) pour un certificat signé par les autorités de certification. Autre problème du certificat : on a besoin de sous-domaine et il faut que ces sous-domaines soient valables pour le certificat (donc avoir un certificat avec des sous-domaines) (évocation de la notion de certificat Wildcard).

Let’s encrypt est mentionné comme étant une solution qui pourrait résoudre ce problème de certificat.

La fin de la gratuité

S’auto-héberger, c’est payer pour des services qui sont "gratuits" (en fait ces produits ne sont pas gratuits vu qu’ils sont financés par la publicité, l’exploitation commerciale des données des utilisateurs...). Il y a donc une nécessité de travailler sur la carotte. Le bâton on l’a déjà, les earlier adopter viennent à l’auto-hébergement pour ne plus se faire taper : lutte contre l’espionnage etc.

Par exemple, chez CozyCloud, la carotte est dans le fait que les données sont centralisées sur le serveur et dans l’applicatif CozyCloud. Cette centralisation, regroupement des données utilisateurs en un endroit permet d’avoir une valeur ajoutée, on peut faire des choses qu’on ne peut pas faire ailleurs. Exemple : avez CozyCloud, il est possible d’associer des notes saisies à des tâches (dans le gestionnaire de tâches) ou à son agenda, ou encore à un mail. On peut associer une ligne de son compte en banque à une facture en pdf et à un mail...

Communiquer sur les problématiques de l’auto-hébergement

L’informatique accessible à tous est en perte de vitesse : qui sait encore comment fonctionne un PC parmi les lycéens (par exemple). On est des sachant dans ce domaine, que peut on dire à quelqu’un qui ne connait rien à l’autohébergement ? La grande question est donc comment parler au grand public, par où commencer ?

Les projets deviennent matures, il y a une nécessité de sensibiliser aux enjeux pour que le public sensibilisé décide d’agir. Il y a une nécessité d’accompagnement tout en laissant une part d’activité intellectuelle. Car il est possible de ne pas savoir ce qu’est un OS, un bios, mais on peut quand même s’auto-héberger. D’où la question : jusqu’à quel degré de prémâcher doit on aller et est-il possible d’aller dans l’auto-hébergement ?

L’auto-hébergement : on doit pouvoir changer, partir d’un service quand on veut. Le truc clef de l’auto-hébergement, c’est la liberté. Est alors évoqué le fait que l’auto-hébergement permet d’aller au delà d’un aspect vie privée - données personnelles, il y a aussi la notion de la liberté d’expression. Les GAFAM imposent des règles et censures : est cité en exemple le cas d’une photo montrant un téton sur Facebook. Dans le cas d’un auto-hébergement, je peux diffuser cette photo.

4 Messages

  • Quelques infos pour compléter :

    Concernant la synchro des données, Yunohost a pas mal de choses dispo :
     Baikal ou Radicale pour la synchro contacts /agendas,
     owncloud pour la synchro des données / fichiers

    Concernant les noms de domaine :
     Yunohost propose un ndd en *.noho.st ou en *.nohost.me
     je crois avoir lu que La Brique réfléchit à proposer aussi un ndd gratuit (ou dependant du membre de FFDN associé)
     eu.org propose des ndd gratuits aussi, et sont aussi français et sympa ;-)

    Concernant les certificats :
     pour un usage personnel, les certificats auto-signés générés par yunohost sont très bien et suffisant
     StartSSL entre autre propose des certificats gratuits
     LetsEncrypt résoudra ce problème ;-)

    Pour ce qui est de l’emplacement de la machine, le mieux est quand même chez soi, mais sans fibre, c’est très vite compliqué/lent/énervant. Un VPS ou un Dédié permet de s’affranchir des problèmes de BP, mais on est moins maître du matériel. Je pense que le choix est à faire au cas par cas, en fonction des besoins en services auto-hebergés ;-)

    Et toi, tu t’autoheberges quand ? :p


  • N’en déplaise à @bayartb, celui qui peut détruire une chose témoigne d’une capacité de nuisance, pas d’une propriété. Exemple : celui qui emplafonne ma voiture n’est pas propriétaire de ma voiture.

    La propriété, c’est plutôt de pouvoir céder quelque chose, éventuellement contre autre chose. On ne peut céder que ce qu’on possède, ou alors transmettre dans le cadre de biens non-rivaux.


  • Salut,

    >qui sait encore comment fonctionne un PC parmi les lycéens
    J’aurai plutôt demandé "Qui sait faire la différence entre un PC et l’écran parmi les lycéens" ou encore "Qui sait que Google n’est pas la page d’accueil d’internet, paris les lycéens ?".
    C’est à peine exagéré.

    Selon moi pour rendre l’autohébergement (mais aussi le libre et la crypto) utilisable par tous il faut vraiment tout simplifier. Le meilleur exemple de truc qui fonctionne (dans mon entourage) est SMSSecure.
    C’est vraiment diablement simple à utiliser. Pas de question qui demande plus de réflexion qu’un oui/non.
    Ils ont, ou vont, je sais pas, même rajouté un assistant d’installation pour aider les utilisateurs au premier lancement.
    Le jour ou Yunohost s’installera et se configurera avec au maximum 10 questions sous forme de QCM je pense qu’on aura fait un grand pas en avant.


  • @roust :

    Comme tu le dis à la fin de ton message, ce que l’on peut faire en auto-hébergement est à voir au cas par cas. Pour autant, les contenus auto-hébergés seraient plutôt globalement des contenus perso. A l’usage, je constate chez moi par exemple que ce sont soit des choses publiques assez légères, soit de temps à autre des trucs plus lourds mais qui ne concernent que mes proches. Une ligne ADSL classique est amplement suffisante pour héberger du mail et un blog, des trucs personnels par excellence. Les limitations techniques apparaissent dès que l’on veut en étendre l’usage à des choses potentiellement moins perso (diffuser des fichiers volumineux, héberger des contenus drainant un nombre trop important de visiteurs, contenus évènementiels, ...). Si on en est à ces cas là, c’est qu’il est temps de prévoir autre chose que de l’auto-hébergement.

    Je pense que le vrai compromis à trouver est là : qu’est-ce qui est perso et doit se trouver chez moi sur ma machine et qu’est ce qui n’a pas vocation à s’y trouver et peut donc être n’importe où. Ce n’est pas toujours simple à déterminer et dans certains cas effectivement, certains contenus qui ont vocation à être auto-hébergés ne peuvent l’être dans des conditions décentes. J’ai eu le cas récemment pour une vidéo perso que je souhaitais mettre sur mon blog. Impossible de trouver un compromis acceptable entre la qualité de la vidéo et son temps de chargement.